1000 km en moins de 24 h et sans recharger sa trottinette électrique : Le défi fou de Philippe

Même si les trottinettes électriques gagnent de plus en plus en popularité, l’autonomie globale et le fait de devoir recharger régulièrement son NVEI restent des facteurs rédibitoires pour certaines personnes. À ce jour, l’essentiel des trottinettes électriques du marché sont équipées de batteries au lithium-ion (Li-ion), voir au lithium polymère (Li-po) et dans de plus rares cas de batterie au plomb (Pb).


Fort de ce constat, Philippe Dordini, quadragénaire passionné par les trottinettes depuis très jeune, a longuement réfléchit à comment il allait pouvoir couvrir de plus longues distances et pour notre plus grand plaisir, il a accepté de nous parler de son défi hors-norme qui est de parcourir un peu plus de 1000 km avec son EDPM fait maison, soit de rallier la ville de Lille (59) à Toulon (83) en 24 heures maximum et ce, sans la moindre recharge intermédiaire. Dingue ? Oui. Irréalisable ? Rendez-vous les 13 et 14 juillet prochains pour le savoir !

Comment a germé l’idée d’un tel défi ?

Lorsqu’on interroge Philippe sur comment lui est venu cette idée, un large sourire se dessine sur ses lèvres et c’est avec ce même sourire qu’il nous raconte la genèse de ce projet assez fou.

Philippe est fan de trottinettes électriques depuis très longtemps et il affectionne les longues sorties dès qu’il en a la possibilité, mais très vite, il s’est rendu compte que l’autonomie était une problématique de taille. Il a alors commencé par fabriquer sa propre trottinette qu’il surnommera la TrottMax V1 (version 1), un présage ?

Trottmax V1, késako ?

Pour cela, il est parti d’un châssis déjà existant, une SXT Raptor. Après des modifications sur celui-ci, mise en place de roue de 14 pouces, des renforts ci et là, remplacement de la batterie au plomb par une batterie Li-ion, remplacement du contrôleur et du moteur, mise en place d’un nouveau système de freinage dimensionné aux nouvelles spécifications, Philippe trouvait enfin chaussure à son pied. Propulsé par une batterie de 110V de 240 Ah en Lithium polymère, il parvenait enfin à parcourir plus de 300 km (en fonction de la vitesse) sans la moindre recharge !

Équipé de cette batterie que Philippe se lançait un premier défi, rallier Paris à Étretat, soit près de 225 km. Et ce fut un succès, il s’est affranchi de la distance aller sans la moindre recharge intermédiaire, puis est parvenu à en faire autant pour le retour. Cocorico, du jamais vu encore dans l’Hexagone.

Mais à force de participer à des sorties entre passionnés et de constater que ses amis devaient souvent recharger, il est parti sur le constat qu’il devait encore améliorer son autonomie et apporter sa pierre à l’édifice pour faire avancer les choses dans le milieu des EDPM, dans la technologie employée pour les batteries des véhicules électriques.

Vous pouvez également retrouver Philippe sur sa chaîne YouTube en cliquant ici

Une batterie aux performances démesurées

Accompagné dans sa démarche par ses connaissances et des partenaires privés, Philippe adaptait une toute nouvelle technologie de batterie sur sa Trottmax V1: la batterie à électrolyte solide. Vous avez oublié vos cours de physique de terminale ? Ça tombe bien, nous aussi. On vous a donc préparé un bref résumé de ce qu’est une batterie à électrolyte solide :

« Ce type d’accumulateur se présente sous forme de plaque de verre ou de gel contenant l’électrolyte qui est placée entre l’anode (borne négative) et la cathode (borne positive). La batterie solide permet de diminuer assez drastiquement le poids des accumulateurs tout en possédant une densité énergétique plus importante, mais surtout cela permet de s’affranchir de la présence de métaux rare et coûteux comme le Cobalt et facilite les manipulations en plus de réduire les coûts de production.»

Insatiable, Philippe se lançait un nouveau défi, rejoindre le Mont Saint-Michel au départ de Paris, soit environ 348 km à l’aide cette fois-ci d’une batterie à électrolyte solide de 189V. Là aussi, cocorico, pari réussit. Cerise sur le gâteau, un imprévu une fois arrivé sur place, l’a contraint de faire le retour à Paris durant la nuit sans même avoir pu recharger sa batterie et ce sans encombre. Il a ainsi roulé pendant un peu plus de 16 heures pour environ 748 km au total  sans jamais recharger sa batterie et il lui restait 48% de capacité une fois arrivé à bon port.

Comment cela est-il possible ? Sans rentrer dans les détails pour des raisons de confidentialité, Philippe nous confie que les batteries à électrolyte solide lui ont permis d’augmenter considérablement son autonomie tout en diminuant le poids par rapport à une batterie Li-ion traditionnelle, en effet pour obtenir les mêmes performances, il aurait dû doubler le poids celle-ci, ce qui est loin d’être anodin. L’utilisation de cette nouvelle technologie lui permet ainsi d’alléger sa machine tout en y préservant les performances et ainsi maximiser l’autonomie.

La genèse de la Trottmax V2

L’ambition de Philippe ne s’arrête pas là, fort de ses succès précédents, il se dessine un défi de taille : 1000 km en 24 heures maximum et sans recharger sa batterie.

Pour cela, il se lance dans un chantier titanesque : construire une trottinette électrique capable d’absorber ces 1000 km, la Trottmax V2.
Une machine d’exception pour un défi exceptionnel, voici quelques données chiffrées sur la Trottmax V2, la « monture de guerre » de Phillipe :

Caractéristiques Techniques de la trottinette électrique Trottmax V2

  • Longueur : 2m90
  • Largeur du plateau : 60 cm
  • Motorisation : moteur brushless de 14 000 W
  • Roues : avant de 16 pouces et arrière de 17 pouces
  • Poids à vide : environ 65 kg
  • Batterie : électrolyte solide de 189V (pour des raisons de confidentialité, la capacité de celle-ci ne sera pas communiquée)
trottinette électrique trottmax v2

Trois mois, c’est le temps qu’a mis Philippe pour dessiner et concevoir cette machine de A à Z. Tout est entièrement réalisé à la main dans son garage, de quoi bien occuper ces longs mois de confinement !

Le châssis, en structure tubulaire en acier, a été soudé à la main. Comme le souligne Philippe : «Je n’ai pas conçu cette machine pour un concours de beauté, mais j’ai essayé de la rendre la plus fonctionnelle possible pour me permettre de réaliser ce record de distance et si peu de temps». Et lorsque que l’on voit la bête de ses propres yeux… Woh… C’est impressionnant.

Ces détracteurs diront que ça n’est plus une trottinette vu les dimensions, à ceci près qu’il n’y a aucune règle qui en définit la taille. Le deck gigantesque permettrait presque de faire une sieste adossé contre le garde-boue. La taille de roues laisse pantois et peu intimider aux premiers abords. Le guidon  paraît parfaitement robuste et sert de support pour un petit ordinateur de bord qui révèle quelques informations sur le niveau de la batterie, sa température ou encore la vitesse instantanée.

Des poignées de freins hydrauliques de toute beauté, ça en jette ! Un dispositif d’éclairage puissant, des clignotants, des rétroviseurs viennent compléter l’arsenal de cette machine d’exception.

Un liseré bleu/blanc/rouge qui agrémente la visibilité passive, est du plus bel effet et vient seconder un lettrage doré dévoilant son petit nom « TROTTMAX V2 ». Et que dire de cette bulle recouvrant les deux feux avant ! Ça lui confère un look agressif, tel une mante religieuse prête à dévorer les kilomètres qui se présenteront devant elle, l’ensemble respire la solidité.

trottinette électrique trottmax v2

La Trottmax V2 dans son habitat naturel. Ne faites pas trop de bruit, vous risqueriez de la réveiller

Et sur la route, ça donne quoi cette Trottmax V2 ?

On me dit dans l’oreillette que je suis cordialement invité à venir… Essayer la bête !! Comment ?? Heu… Moi ? Elle en impose la Trottmax V2, je ne suis pas serein tout à coup… Philippe me rassure en me chuchotant que c’est juste une grosse trottinette… Ah ah… Me voilà rassuré !

Je me jette, j’enlève la béquille et sur les conseils de Philippe, je mets un filet de gaz un pied sur le deck. Elle démarre doucement, je monte alors le deuxième pied… Le compteur affiche 5 km/h. La stabilité est incroyable, je ne dévie pas ; c’est dingue, elle file droit sans le moindre effort. J’accélère un peu plus et là, c’est bluffant on ressent à peine la vitesse et c’est perturbant à la fois tellement c’est doux et progressif, le compteur affiche 50 km/h et j’ai l’impression de rouler à 20, c’est incroyable.

Les virages se font en douceur, sans déséquilibre, sans le moindre accoup et le freinage, quant à lui, est très progressif et ferme à la fois. Je suis estomaqué par la facilité de la conduite de ce monstre, on a l’impression de piloter un je ne sais quoi monté sur un nuage, c’est indescriptible. C’est vraiment une machine exceptionnelle, bravo Philippe ! C’est avec un plaisir non dissimulé qu’il me glisse à l’oreille que pour cet essai, il a installé une batterie de 84V et volontairement bridé la trottinette en mode 1 sachant qu’elle possède neuf modes de puissance.

Je vous vois arriver, ça roule à quelle vitesse cet engin ?

En mai dernier, sur piste fermée, la Trottmax V2 a atteint la vitesse faramineuse de 270 km/h ! Cette vitesse record est en cours de validation et constitue une prouesse mondiale pour une trottinette électrique. Évidemment, elle n’a pas été conçue uniquement pour cela et elle n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains. Je vous avoue qu’après avoir eu l’immense honneur d’essayer la Trottmax V2, reprendre les commandes de ma petite Speedtrott RX1000 a été quelques peu chamboulés. La différence de stabilité, l’inertie totalement différente me manque presque.

trottinette électrique trottmax v2

Cheveux Guidon au vent, le regard tourné vers l’avenir, ce n’est pas un super-héros, c’est la Trottmax V2

Conclusion

Pour clore cet article, je ne dirai qu’une seule chose. Extraordinaire !

Philippe Dordini a construit là une machine d’exception dans le but de donner l’impulsion aux constructeurs d’engin de déplacement personnel motorisé afin d’améliorer la sécurité, l’autonomie de ces moyens de transports qui ont envahi notre quotidien, mais aussi dans le but d’assouvir et partager sa passion pour la trottinette électrique.

Je ne peux que vous inviter à venir l’encourager le 13 juillet 2021 au départ de la mairie de Lille (59) à 11H00, départ pour un périple de 1000 kilomètres, qu’il souhaite parcourir en moins de 24 heures et surtout sans recharger sa batterie en cours de route. À ce titre, il sera suivi par des juges officiels pour une potentielle entrée dans le livre des records et être ainsi le premier a réalisé un tel exploit.

Vous pouvez d’ores et déjà l’encourager sur sa page Facebook Globe Riders FR. Vous pourrez suivre son périple sur cette même page qui sera actualisé régulièrement et pourquoi pas le rejoindre sur la place de la mairie de Toulon pour l’accueillir à l’arrivée, et découvrir un peu avec lui les coulisses de ce défi hors-norme.

Souhaitons-lui bonne chance et j’espère sincèrement que sa persévérance, sa pugnacité seront récompensées par votre soutien et la réussite dans cette entreprise.

L’équipe de Mobilité-Urbaine remercie chaleureusement Tedrun Gongon pour la rédaction de cet article. Si vous aussi vous souhaitez nous faire part de vos articles, n’hésitez pas à nous contacter directement.