Un e-fantôme dans la ville… Présentation de la moto électrique Youbee E-Ghost
Les véhicules électriques n’ont jamais eu autant de vent en poupe et les différents constructeurs surfent, et à juste titre, sur ce phénomène de société. Avec l’augmentation constation du prix du carburant, il devient de plus en plus légitime d’investir dans un véhicule électrique : trottinette électrique, gyroroue, vélo électrique et même moto électrique !
J’ai eu l’honneur de tester pendant quelques jours une moto électrique qui, sur le papier, ne présente que des avantages. À travers cet article, je vais essayer de partager avec vous mon ressenti sur la moto électrique Youbee E-Ghost.
Présentation
Fervent utilisateur de trottinettes électriques pour me rendre à mon travail mais aussi pour mon loisir, j’ai eu l’agréable surprise d’être contacté pour essayer et donner mon avis sur une moto électrique, la Youbee E-Ghost de kW (4 000 W), équivalente à une cylindrée de 125 cm³. Bien évidemment, comme tout adepte de l’électrique, j’ai accepté.
Après quelques jours à patienter, je reçois une invitation à retirer le « petit bolide » dans une enseigne en région parisienne.
Le moins que l’on puisse dire, c’est… qu’elle est atypique et elle en jette. Premier contact réussi, je tombe immédiatement sous le charme. J’observe ensuite l’engin d’un peu plus près et un seul mot me vient en tête : compact. La E-Ghost ressemble à une vraie moto mais ses dimensions me rapellent qu’il s’agit bien d’un véhicule électrique accessible aux novices.
J’ai un peu de mal à réaliser qu’il s’agit d’une équivalente à une 125 cm³ ! Mais cela ne va pas durer longtemps. Passons en revue ses caractéristiques :
- Moteur brushless (sans charbon) de 4 000 W
- Couple : 150 Nm maximum
- Batterie : CATL de 72 V et 52Ah
- Autonomie : de 50 à 80 km
- Vitesse max : 75 km/h
- Poids : 70 Kg
- Taille (L*h) : 1 815 mm * 1 030 mm (hauteur de selle de 800 mm)
- Suspensions : fourche télescopique inversée et mono amortisseur arrière
- Freins : disques hydrauliques
- Coût de revient : 40 centimes/100 km
Retrouvez une présentation plus complète dans cette vidéo :
Sur le papier, c’est alléchant, très alléchant même. Rien ne vaut qu’un bon test réalisé par soi-même pour se faire une idée plus précise de la bête !
Petit rappel tout même, il s’agit d’une motocyclette équivalente à une cylindrée de 125 cm³, pour la conduire il faut donc… un permis ! Oui, vous devez soit être titulaire d’un permis A1 ou A ou par équivalence, un permis B et avoir satisfait à une formation de 7 heures obligatoirement.
Il y a quelques subtilités sur le permis de conduire à savoir avant de vous lancer au guidon d’une motocyclette légère :
C’est donc équipé d’un casque, de gants, d’une tenue de moto adaptée (protections complètes) que je me retrouve au guidon de cette machine ô combien surprenante.
La position de conduite
1M71, 90 kg… Voilà mes mensurations. Installé sur la selle (parfaitement moelleuse d’ailleurs), mes pieds sont parfaitement en contact avec le sol. Sa hauteur de selle de 800 mm me sied à merveille. La présence du faux réservoir donne de suite l’impression d’être installé comme sur une vraie moto, le poste de pilotage tombe parfaitement sous les mains. Je tourne la clé de contact et… cherche le bouton d’allumage… il n’y en a pas !! C’est électrique forcément…
Passé cette torpeur, je regarde le compteur : niveau de batterie, odomètre, affichage de la vitesse, indicateur des clignotants et des feux de route. Simple, sans fioriture, l’essentiel est là.
Que donne la moto électrique E-Ghost sur la route ?
J’enfonce la poignée gauche et j’enclenche la première… Il n’y a pas de sélecteur ?? C’est tout automatique, ça fait bizarre.
J’enlève la béquille, j’ouvre la poignée d’accélération doucement et il ne se passe rien. Le responsable de la concession, Stéphane, m’indique alors que je dois enlever la sécurité présente sur le commodo juste à côté de l’accélérateur.
Cette fois-ci, c’est la bonne, j’accélère progressivement et la moto démarre dans un silence de cathédrale, c’est perturbant. J’enchaîne quelques centaines de mètres doucement mais sûrement, très rapidement les sensations sont là et l’envie d’ouvrir un peu plus la poignée d’accélération se fait ressentir, surtout pour me dégager d’un STOP où la circulation s’intensifie avec les sorties de bureaux.
Suivants les recommandations de Stéphane, c’est avec un peu d’appréhension que je me décide à mettre un coup de collier pour me sortir de ce STOP qui me paraît interminable. Je mets la poignée à mi-course et… ça pousse fort, d’un coup, ça pousse très fort, le couple est de suite présent, c’est presque jubilatoire, me voilà inséré dans le flot de circulation en un éclair et dans un silence absolument magnifique.
C’est une très agréable surprise, le couple est quasiment instantané, pas de chichi, on ouvre les gaz et ça part de suite, je crois que les automobilistes autour de moi devinent la banane qui se dessine sur mon visage.
J’enchaîne quelques kilomètres et la jauge de batterie m’indique 80V sur les 83 de départ, je vais du coup rallonger un peu mon parcours. Et quelle bonne idée, sur mon itinéraire se dresse une belle côte avec un STOP au bout du premier tiers de celle-ci, l’occasion rêvée de tester un démarrage en côte avec un beau bébé sur le dos. Quelle surprise, ça ne bronche pas, aucune difficulté à tirer mes 90 kg et je suis surpris de voir la pêche qu’elle a au démarrage alors que je suis sur une pente de plus de 20%.
J’ai pris une claque, moi qui m’attendais à la voir peiner un peu. Les kilomètres défilent sous les « petites roues » de la E-Ghost et arrive une descente le long d’une petite forêt. L’occasion de mettre à contribution le double système de freinage à disque hydraulique de la demoiselle. Là non, plus rien à redire, ça freine, et même très bien. Un répartiteur combine une action simultanée sur le frein avant et arrière quelle que soit la poignée de frein activé, c’est très appréciable. Vous l’aurez compris, ici pas de frein au pied, mais bel et bien deux poignées de freins sur le cintre.
Quel plaisir de rouler avec cette E-Ghost, autant son petit gabarit sera un point faible pour les personnes dépassant le mètre quatre-vingts, autant pour les personnes de taille moyenne c’est un régal. Elle se faufile partout, sa manœuvrabilité est excellente, la puissance est au rendez-vous quel que soit le niveau de la batterie ; bien sûr la vitesse maximale sera conditionnée au niveau de charge de la batterie, cela est inhérent aux véhicules électriques. Elle est très stable même en virage soutenu, sans doute que cela est dû à la présence d’une véritable fourche télescopique inversée.
Les jours passent et je me régale à me rendre au travail avec elle, elle est joueuse et docile, facile à conduire, silencieuse, rudement efficace dans la circulation matinale souvent difficile pour parcourir les 20 km qui me séparent de mon lieu de travail.
Le regard des gens quand ils me croisent est plaisant, ils sont intrigués par cette petite machine qui se révèle en fait être un vrai bolide. On me demande régulièrement si elle est électrique, si elle roule bien, son prix et son autonomie, bref elle ne laisse pas indifférent.
Et à propos de l’autonomie de cette moto électrique ?
Parlons-en de son autonomie. Pour être totalement transparent, le modèle en ma possession possède une batterie de 40 Ah en lieu et place des 52 Ah des modèles en vente.
C’est ainsi que me prend l’insatiable envie de partir sur les routes de campagne environnantes, et pourquoi pas rejoindre Gisors (27) qui se trouve à une quarantaine de kilomètres de ma ville dans le Val d’Oise (95).
Je prépare un itinéraire GPS pour éviter les gros axes routiers, et c’est parti. J’essaye au maximum de respecter les limitations de vitesse, mais j’avoue que par moment la tentation est grande de mettre la poignée de gaz dans l’angle et faire ronronner son moteur de 4 kW. Point de ronronnement ici, mais juste le bruit de l’écoulement d’air sur le casque, des routes presque vides, juste quelques voitures seront croisées ci et là, même les vaches qui paissent dans les prés sont surprises de me voir arriver à leur hauteur dans un silence « assourdissant ».
Je profite des paysages champêtres sous un soleil radieux, le silence et la beauté de la campagne me procurent rapidement comme une sensation d’euphorie, un peu comme un plongeur goûtant à l’ivresse des profondeurs. Les courbes et les kilomètres s’enchaînent et je finis par arriver à Gisors après un peu plus d’une heure de route.
L’écran du compteur affiche une tension de 75 V restante. Sachant que la coupure intervient vers 65 V, une lueur d’inquiétude vient chatouiller l’optimisme dont j’ai fait preuve jusqu’à maintenant. Une station de charge n’est pas loin, charge ou pas charge ? Je suis mitigé… Après tout non, je fais un test d’autonomie, au diable les questions, j’entame le trajet retour.
Rapidement, j’oublie ce souci d’autonomie et me laisse conquérir par les qualités de roulage de la E-Ghost, je me surprends même à rouler sur une portion d’environ 8 km d’une départementale limitée à 90 km/h. Le compteur de vitesse affiche 70 km/h et la batterie 69 V… C’est avec un peu d’appréhension que je reprends mon itinéraire retour par les petites routes. Tout au long du trajet, j’essaye de rester plus « léger » sur les accélérations, j’évite de trop « tirer » sur la batterie en adoptant une conduite plus souple.
Cergy n’est plus qu’à quelques kilomètres, je réduis ma vitesse et choisis de ne pas dépasser les 50 km/h, sage résolution, j’aperçois enfin Cergy. Dans un élan de confiance, je prends la direction de l’Axe majeur à Cergy histoire de faire quelques photos avant de rentrer, un petit crochet de 6 km dont j’en tirerai les conséquences. Plus que 2,5 km, et je suis rentré, il ne reste plus que deux segments sur l’indicateur de batterie et celle-ci affiche 66 V. J’accélère à peine pour redonner un peu de vitesse sur une faible montée et la moto se met à ralentir, la protection du contrôleur fonctionne bien… l’icône de la batterie clignote. Je décélère un peu, elle reprend sa route comme si rien ne s’était passé, ma vitesse est alors de 35 km/h sur un axe limité à 50. Plus que 600 mètres et le pari est réussi… Mais la moto s’éteint complètement, la batterie indiquait 65 V…
Impossible de la rallumer, le BMS de la batterie à couper pour la protéger d’une décharge profonde. Il me reste juste à rentrer à la maison en poussant sur 600 mètres. Je jette un œil sur l’application Liberty rider, la distance parcourue est de 83,02 kilomètres. Pas mal pour une batterie de 40 Ah, ce qui laisse facilement penser qu’avec une batterie de 52 Ah, la barre des 100 km est largement franchissable.
La E-Ghost est-elle la moto électrique idéale ?
Hélas non, tout n’est pas parfait.
J’ai aussi noté de petites choses gênantes, certes pas rédhibitoires mais qui sont bien présentes. Le coffre de rangement au niveau du faux réservoir par exemple, le capot fait un peu cheap et l’absence d’une charnière le rend un peu « branlant ».
Le compteur affiche une vitesse erronée à partir d’une certaine vitesse et cette marge d’erreur atteint jusqu’à 8 km/h de différence par rapport la vitesse GPS. Beaucoup de véhicules affichent une marge d’erreur aussi, mais là, à haute vitesse cela est un peu plus gênant à mon goût, un recalibrage corrigerait aisément cela.
A priori le contrôleur n’est pas complètement étanche, de même que le capteur de la poignée d’accélérateur qui demande une tropicalisation. Sous une petite bruine je ne pense pas que cela pose de réel souci, mais sous une pluie battante, il vaudrait mieux éviter pour le moment. Pour moi, avoir une moto électrique capable de résister à une averse est indispensable, je vois cela comme un moyen pouvant remplacer ma trottinette électrique lorsqu’il pleut, c’est donc une piste à améliorer.
Mon avis final sur cette moto électrique Youbee E-Ghost
Pour être honnête, je suis conquis par cette moto électrique Youbee E-Ghost de 4Kw, je me régale à l’utiliser pour me rendre au travail chaque jour, sa souplesse, sa manœuvrabilité, sa légèreté, sa puissance et son autonomie en font une moto électrique très agréable pour les déplacements urbains voire péri-urbains.
Elle n’est pas parfaite, mais elle tire très bien son épingle du jeu dans la catégorie des équivalentes aux 125 cm ³ déjà présentes sur le marché. Son look et son positionnement tarifaire la rendent très intéressante, à moins de 4 500 euros (hors aide gouvernementale de 900 euros), cette E-Ghost à tout pour séduire pour nous faire basculer dans l’ère de la motorisation électrique pour nos déplacements au quotidien.
Et si votre question est de savoir si je la garde… Hé bien, oui. Elle me régale tellement que je la garde.
L’équipe de Mobilité-Urbaine remercie chaleureusement Tedrun Gongon pour la rédaction de cet article. Si vous aussi vous souhaitez nous faire part de vos articles, n’hésitez pas à nous contacter directement.